La dispensation des médicaments reste le cœur de notre métier. Mais notre rôle s’est considérablement étoffé au cours de ces dix dernières années.
La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de 2009 a enclenché la dynamique avec l’accompagnement des patients chroniques. L’autorisation de vacciner contre la grippe saisonnière à l’officine a permis de franchir un palier supplémentaire, jusqu’à la crise de la Covid-19 qui a donné un nouveau coup d’accélérateur : délivrance des équipements de protection individuelle aux soignants, renouvellement des ordonnances des traitements chroniques arrivées à échéance, accompagnements pharmaceutiques par télé soin, dispensation des médicaments de la réserve hospitalière et, plus récemment, dépistage du SARS-CoV-2 grâce à la réalisation de tests antigéniques. Et le ministre de la Santé a acté que les officinaux participeront aussi à la vaccination contre la Covid-19. D’autres missions de prévention pourraient nous être confiées, comme l’accompagnement au sevrage tabagique ou le dépistage du cancer colorectal.
Mais cette crise sanitaire est également un révélateur du positionnement du pharmacien d’officine en tant que professionnel de santé de premier recours grâce à des atouts indéniables liés à la proximité, à la répartition territoriale, à une accessibilité facile sur des plages horaires extrêmement larges. Si nous sommes toujours les gardiens des poisons, toutes ces missions de santé publique ont renforcé notre positionnement au sein des équipes soignantes. Seulement voilà, devons-nous faire une pause dans cette évolution de notre métier ? On peut légitimement se poser la question, certaines missions pouvant paraître complexes à mettre en œuvre. De fait, il est indispensable de les rendre accessibles à tous, afin de ne pas créer de réseau dans le réseau. Elles doivent être facilitées en rendant nos logiciels interopérables et en favorisant leur paiement à l’acte.
Nous devons pouvoir proposer aux pharmaciens un panel d’actions, sorte de menu dans lequel chacun viendrait puiser. Il ne s’agit en effet pas de tout faire, mais d’adapter les actes que nous décidons de réaliser aux besoins et aux spécificités de nos patients. Il faut simplifier les missions, mais pas les abandonner. Elles renforcent l’ancrage du pharmacien dans la prise en charge des soins de premier recours.
Elles le rendent incontournable et indispensable aux yeux des pouvoirs publics et des patients.
Fabrice Camaioni
Membre du Bureau national
Président de la commission
Métier Pharmacien de la FSPF