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Protection rapprochée

Monopole de dispensation, maillage territorial, réserve du capital : trois piliers fondateurs de l’officine que la FSPF entend bien préserver.

Amazon, Uber, Leclerc… Les géants du net et de la grande distribution lorgnent inlassablement le médicament. Pour la FSPF, aucune entaille dans le monopole de vente des spécialités pharmaceutiques ne peut être acceptée. « La dispensation du médicament est le cœur de métier du pharmacien, insiste son président, Philippe Besset. Elle fait partie des services fondamentaux de notre exercice et chaque officine doit pouvoir en vivre dignement. »

Dans le cadre des élections aux URPS, le syndicat propose que le montant de l’honoraire de dispensation soit multiplié par deux. Il plaide également pour l’annulation de l’avenant n° 19 conclu par l’Uspo, ce qui se traduirait par une augmentation de l’honoraire complexe de 30 centimes à 1 euro. Déjà, fin juillet, par décision du Conseil d’État, la FSPF a obtenu que tous les médicaments remboursables en conditionnement trimestriel puissent bénéficier d’un honoraire spécifique et d’une marge particulière, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Permettre à toutes les pharmacies de vivre essentiellement grâce à la dispensation de médicaments représente également, aux yeux de la FSPF, un moyen de soutenir les petites officines de proximité et, du même coup, de maintenir une répartition harmonieuse des pharmacies sur le territoire, indispensable aux patients, comme la crise sanitaire que nous traversons l’a démontré.

Non à l’ubérisation de l’officine

Défendre le monopole, c’est aussi s’opposer aux mesures de dérégulation de la vente en ligne. Après être montée au créneau contre l’assouplissement des règles du commerce à distance de médicaments voulu par l’Autorité de la concurrence, la FSPF s’est fortement mobilisée auprès des parlementaires au moment de l’examen de la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (Asap).

« Nous nous félicitons que les mesures délétères pour l’officine aient été abandonnées », souligne Philippe Besset, rappelant que le texte initial envisageait d’autoriser les pharmaciens à créer des plates-formes de vente en ligne, à stocker et réaliser cette activité à partir de locaux distants de l’officine, et de modifier les modalités de calcul du seuil de l’adjoint en supprimant du chiffre d’affaires certaines catégories de produits. Une brèche dans laquelle les mastodontes du commerce en ligne auraient pu s’engouffrer. « Protéger les pharmaciens vis-à-vis de l’ubérisation de la santé reste, et restera, l’une des priorités de la FSPF », affirme Philippe Besset.

Pas d’ouverture du capital

Au-delà du maillage et du monopole, la réserve du capital aux seuls pharmaciens doit également être préservée.

« La pharmacie française repose sur trois piliers. Si l’un vient à s’ébranler, c’est tout le système qui tombe par terre », prévient Philippe Besset, très attaché à l’indépendance professionnelle des titulaires. Afin de faciliter les transmissions d’officine, la FSPF, en association avec l’UNPF, a ainsi développé le projet PharmEquity pour accompagner les futurs titulaires dans le financement de leur projet d’installation.

L’objectif est de faire en sorte que les plus âgés puissent passer le relais aux plus jeunes dans les meilleures conditions possibles. Et favoriser cette transmission intergénérationnelle, c’est éviter que des investisseurs étrangers au monde de la pharmacie, avides de rentabilité, ne fassent main basse sur le réseau.